📄 Mes 10 ans au CS - Jo Arditty

(Avec quelques anecdotes, du vocabulaire spécialisé, et des réflexions personnelles)

Jo Arditty, 2018 © Céline Allais

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PROLOGUE

Lorsque, en 1994, mon Ă©pouse et moi avons acquis notre appartement dans la rĂ©sidence, une vingtaine d’annĂ©e aprĂšs les pionniers, j’étais trop occupĂ© par mes activitĂ©s d’enseignant et membre du Conseil d’UniversitĂ© de Paris 8 (ex-Vincennes) pour envisager qu’un jour je passerais 10 ans au Conseil Syndical [1] d’Atlas 1. J’étais encore tout Ă©tonnĂ© de la sorte de rĂ©volution culturelle qui m’avait amenĂ© Ă  accepter de devenir propriĂ©taire, moi qui n’avais connu jusque lĂ  que le statut de locataire et qui avais Ă©tĂ© plus que critique de la volontĂ© affichĂ©e par les gouvernements successifs de convertir tous les Français au bonheur d’ĂȘtre propriĂ©taires de leur logement.

Content de me trouver dans un logement plus spacieux et plus clair que le prĂ©cĂ©dent et des Ă©changes de « bonjour » avec mes voisins, j’étais Ă  peine conscient du fait qu’avec l’appartement j’avais en fait acquis ma part d’un environnement (dĂ©nommĂ© « espaces verts et espaces libres »), d’équipements (ascenseurs, parking — bien au-delĂ  de l’espace oĂč je pouvais ranger ma voiture —, chauffage, vide-ordures, etc.) et de services (Ă©lectricitĂ© et nettoyage des parties communes, et surtout les innombrables aides liĂ©es Ă  la prĂ©sence d’un couple de gardiens) — une part qui faisait de moi, pas seulement un propriĂ©taire mais un COPROPRIÉTAIRE, membre d’une communautĂ© dĂ©finie par le partage de ces biens collectifs et la nĂ©cessitĂ© de maintenir, voire d’amĂ©liorer ce patrimoine et si possible d’y dĂ©velopper les liens de convivialitĂ©.

Ce n’est qu’aprĂšs ma mise Ă  la retraite et du fait d’une moindre frĂ©quence des rĂ©unions, autant dans le domaine du contrĂŽle de la gestion de l’UniversitĂ© ou de la dĂ©fense et illustration de ma discipline que des sĂ©minaires de recherche, que cette prise de conscience s’est prĂ©cisĂ©e et que j’ai prĂ©fĂ©rĂ© un investissement liĂ© Ă  mon lieu d’habitation plutĂŽt qu’à des sujets qui m’intĂ©ressaient tout autant intellectuellement mais dont je voyais quotidiennement les diverses difficultĂ©s Ă  travers ce que ma femme faisait dans les associations humanitaires correspondantes.

C’est donc un peu comme un prolongement de mes activitĂ©s pĂ©ri-professionnelles que j’ai finalement cĂ©dĂ© Ă  diverses pressions qui me poussaient Ă  participer au Conseil Syndical. Plus ou moins consciemment, je souhaitais Ɠuvrer Ă  ce que tous les membres de la communautĂ© (ici, de la rĂ©sidence), aient accĂšs Ă  l’information et aux moyens leur permettant d’avoir prise sur la gestion du bien commun que je viens d’évoquer.

Ayant pu observer les trĂ©sors de patience que devait dĂ©ployer M. Villoing (PrĂ©sident du Conseil Syndical de 1996 Ă  2002) face Ă  une opposition menĂ©e par son prĂ©dĂ©cesseur, qui n’hĂ©sita pas Ă  lancer une procĂ©dure contre la copropriĂ©tĂ© pour empĂȘcher le ravalement dĂ©cidĂ© majoritairement, je me doutais bien que la tĂąche ne serait pas tous les jours facile. En fait, au cours des dix ans que je m’apprĂȘte Ă  Ă©voquer, ce ne sont pas les oppositions internes (quelques heurts de personnalitĂ©s mis Ă  part), qui ont posĂ© problĂšme, mais les relations avec des immeubles voisins, avec leurs gestionnaires ou les nĂŽtres, la difficultĂ© et la complexitĂ© de certains chantiers, accrues par le comportement de certains professionnels, et la difficultĂ© de rendre tout cela comprĂ©hensible aux copropriĂ©taires et rĂ©sidents.

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DE QUELQUES PARTENAIRES OBLIGÉS DU CONSEIL

Pris par d’autres obligations, j’étais absent en juin 2008 quand j’ai Ă©tĂ© Ă©lu au Conseil Syndical (dĂ©sormais CS) de notre rĂ©sidence. J’ai donc ratĂ© cette rĂ©union mĂ©morable oĂč Mme Freslon, reprĂ©sentant le cabinet ICADE AdB [2], fit croire aux prĂ©sents qu’elle alignait le montant du contrat de syndic demandĂ© par son cabinet sur celui d’un concurrent prĂ©sentĂ© par quelques protestataires, alors qu’elle baissait seulement le coĂ»t HT au niveau de celui TTC qui lui Ă©tait opposĂ© et restait donc environ 20% plus cher.

LES RELATIONS AVEC NOS GESTIONNAIRES SUCCESSIFS ont Ă©videmment marquĂ© mon expĂ©rience de conseiller syndical. L’atmosphĂšre entre la copropriĂ©tĂ© et Mme Freslon Ă©tait liĂ©e, outre cette embrouille, Ă  son comportement de non-gestion : elle n’hĂ©sitait pas Ă  ĂȘtre absente aux rĂ©unions qu’elle convoquait, annonça au CS Ă  la rĂ©union obligatoire de prĂ©paration de l’AG de 2009 qu’elle savait qu’elle ne serait pas reconduite et nous laissa en cadeau, Ă  la veille du grand chantier de rĂ©novation des ascenseurs, l’adresse d’une seule entreprise censĂ©e effectuer le dĂ©samiantage prĂ©alable des machineries, dont nous devions dĂ©couvrir plus tard qu’elle n’était pas habilitĂ©e, raison pour laquelle son devis Ă©tait particuliĂšrement modeste.

Une de mes premiĂšres dĂ©couvertes concernant les gestionnaires a ensuite Ă©tĂ© de constater que se dĂ©barrasser d’un mauvais syndic au niveau de la copropriĂ©tĂ© Ă©tait loin d’ĂȘtre suffisant pour en ĂȘtre libĂ©rĂ©. Notre copropriĂ©tĂ© fait en effet partie d’un ensemble, issu de la rĂ©novation urbaine des bĂątiments compris entre la rue de l’Atlas (jusqu’au passage du mĂȘme nom), la rue RĂ©beval et la rue Lauzun (cf. Nos voisins et l'Union). Cet ensemble a gardĂ© des liens administratifs et de gestion concrĂ©tisĂ©s par une UNION INTERSYNDICALE chargĂ©e de coordonner la gestion des Ă©quipements communs par le biais de CONVENTIONS passĂ©es entre les membres (copropriĂ©tĂ©s et bailleurs sociaux) de l’Union. La gestion des espaces verts autour de notre copropriĂ©tĂ©, et celle des parkings justifient chacune une convention nous liant Ă  la copropriĂ©tĂ© RĂ©beval 2 situĂ©e au 11 de la rue RĂ©beval [3] et nous dĂ©pendons pour notre chauffage d’une convention conclue, en plus de RĂ©beval 2, avec les bailleurs de RĂ©beval 1 (HLM du 17 de cette rue) et Atlas 2 (10-16 allĂ©e Pernette du Guillet).

Ayant « remerciĂ© » Icade au niveau de la copropriĂ©tĂ©, nous devions continuer Ă  faire avec Ă  la tĂȘte Ă  la fois de l’Union et de nos conventions. Et si ce cabinet, devenu IMMO de FRANCE, a dĂ» Ă©galement lĂącher la prĂ©sidence de l’Union en janvier 2010, il continue Ă  contrĂŽler nos « Espaces », « Parking » et « Chauffage », soit des sommes situĂ©es autour de 40 % de nos dĂ©penses (plus de 50 % en 2011). Et le moins que l’on puisse dire est que la maniĂšre dont ses gestionnaires conçoivent leur mission est assez Ă©loignĂ©e de celle que traduisent les votes successifs de nos AG : il s’agit pour eux d’éviter toute critique des prestataires quasi-inamovibles (souvent choisis sur la base d’accords nationaux et qu’il est exclu, sauf exception, de mettre en concurrence avec d’autres, y compris Ă  l’échĂ©ance d’un contrat), de chercher non le meilleur rapport qualitĂ©-prix, mais ce qui bousculera le moins les habitudes, bref d’assurer la routine en Ă©vitant les initiatives qui ne viendraient pas de supĂ©rieurs. La gestionnaire actuelle, Ă©galement en charge de RĂ©beval 2, est dans une telle osmose avec la PrĂ©sidente indĂ©boulonnable du CS de cette copropriĂ©tĂ© que l’on ne sait plus laquelle des deux a commentĂ© les projets de compost encouragĂ©s par la Mairie et soutenus par de nombreux copropriĂ©taires d’Atlas 1, mais nĂ©cessitant l’accord de la convention « Espaces », par ces mots : « Ah non alors ! Comme si les crottes de chiens ne suffisaient pas. »

Revenons Ă  notre copropriĂ©tĂ© stricto-sensu. AprĂšs avoir auditionnĂ© plusieurs candidats, le CS proposa Ă  l’AG de remplacer Icade par un petit syndic qui, jouant sur l’homonymie, avait choisi de s’appeler SEINE GESTION. Idylle les premiers temps oĂč, grĂące aux vigoureuses impulsions du CS, l’action du nouveau syndic sembla contraster avec celle du cabinet prĂ©cĂ©dent : mise en Ɠuvre de rĂ©solutions laissĂ©e en panne pendant 5 ans, modernisation des locaux Ă  vĂ©los, engagement d’une personne chargĂ©e d’aider les rĂ©sidents pendant les chantiers de dĂ©samiantage des machineries et de rĂ©novation des ascenseurs, etc.. Puis problĂšmes prenant des proportions dramatiques dans la gestion des salaires des gardiens, au point que le CS dut faire appel Ă  un expert de l’ARC [4] et pour finir crise interne au cabinet de syndic ayant pour consĂ©quence son incapacitĂ© Ă  rĂ©pondre Ă  la moindre des demandes du CS. Les dons de sociabilitĂ© de notre gestionnaire, rĂ©cusĂ© par ses ex-associĂ©s, se montraient de plus en plus insuffisants pour masquer Ă  la fois son manque de professionnalisme et la leur.

Nouvelle sĂ©rie d’auditions, complĂ©tĂ©e par des demandes d’avis de nos connaissances, dont l’une nous permit de dĂ©couvrir KGS-PRESTIGE, notre syndic actuel. La possibilitĂ© qui nous a Ă©tĂ© donnĂ©e de consulter plusieurs copropriĂ©tĂ©s dĂ©jĂ  clientes du cabinet et les avis ainsi recueillis n’ont pas Ă©tĂ© pour rien dans notre choix, mais c’est aussi l’intĂ©rĂȘt de son responsable, M. Saal, pour le projet de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique que nous portions et pour une dynamique dont il ne voulait surtout pas qu’elle soit cassĂ©e par le changement de syndic, ainsi que sa spĂ©cialisation de juriste qui lui acquirent les suffrages du CS puis de l’AG. Depuis, il n’y a pas eu de dĂ©cision qui ait Ă©tĂ© prise sans consultation prĂ©alable et, si besoin, discussion avec le CS.

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QUELQUES CHANTIERS

Pour rĂ©duire la longueur de ce document, je me bornerai Ă  mentionner les plus gros, citĂ©s par ordre chronologique. Il ne s’agit en effet pas de minimiser pour autant d’autres chantiers tout aussi utiles Ă  la qualitĂ© de vie dans la rĂ©sidence : choix et mise en place des boĂźtes aux lettres, peintures (couloirs du sous-sol, locaux des vide-ordures, etc.), sans parler de l’entretien courant ou de la discussion des contrats (mĂ©nage, compteurs, etc.).

DÉSAMIANTAGE DES MACHINERIES

J’ai Ă©voquĂ© plus haut le « cadeau de dĂ©part » de Mme Freslon en 2009. La tĂąche la plus urgente pour ses successeurs a Ă©tĂ© de trouver une entreprise habilitĂ©e Ă  effectuer un ce dĂ©samiantage, qui devait se terminer au plus tard Ă  la fin de l’étĂ© 2010 pour que l’on puisse dĂ©marrer ensuite la rĂ©novation des ascenseurs, dont les dates Ă©taient dĂ©jĂ  plus ou moins arrĂȘtĂ©es avec KONÉ. La procĂ©dure normale aurait Ă©tĂ© de demander Ă  un MAITRE D’ƒUVRE (dĂ©sormais Mƒ [5]) d’effectuer une Ă©tude, d’établir un cahier des charges et de lancer un appel d’offre [6]. L’urgence et l’inexpĂ©rience ont poussĂ© Seine Gestion Ă  inverser le calendrier et Ă  se mettre eux-mĂȘmes en chasse d’un dĂ©samianteur. Les entreprises ne se bousculaient pas pour intervenir Ă  une pĂ©riode oĂč elles sont essentiellement mobilisĂ©es par les Ă©coles. Ils finirent par faire affaire avec l’entreprise ANTEOL et se mirent ensuite Ă  la recherche d’un maĂźtre d’Ɠuvre susceptible de valider les travaux. C’est un architecte qui avait dĂ©jĂ  effectuĂ© un rapport amiante pour la copropriĂ©tĂ©, M. Fraboulet, qui fut recrutĂ© — nouvelle anomalie, cette fois du point de vue dĂ©ontologique (risque de conflit d’intĂ©rĂȘt), sans parler des autres risques que nous ne devions pas tarder Ă  dĂ©couvrir. Il traita l’inspection prĂ©alable du site comme quelque chose d’intermĂ©diaire entre la corvĂ©e et la formalitĂ©, n’y participant mĂȘme pas jusqu’au bout, omettant de vĂ©rifier la disponibilitĂ© et l’accessibilitĂ© des Ă©quipements indispensables Ă  l’entreprise et, aux dires du directeur d’Anteol, lui avouant qu’il n’était lĂ  que pour toucher son pourcentage sur les travaux.

Dans ces conditions, le chantier Ă©tait vouĂ© Ă  bien mal se dĂ©rouler. Le jour oĂč l’entreprise devait tout mettre en place, M. Fraboulet Ă©tant Ă©videmment absent, l’entreprise ne trouva pas l’alimentation Ă©lectrique dont elle avait besoin. Le gardien Ă©tait en vacances et je ne pus faire entendre qu’une solution Ă©tait possible en demandant Ă  bĂ©nĂ©ficier du branchement des ascenseurs. L’entreprise se replia, pendant que Seine Gestion faisait appel Ă  EDF, qui donna des dĂ©lais tels que cela repoussait le dĂ©marrage d’environ deux mois. On finit pas obtenir de l’entreprise qu’elle revienne et commence comme je l’avais proposĂ©, mais un retard certain avait Ă©tĂ© pris. Le calendrier, qui avait Ă©tĂ© calculĂ© pour limiter au maximum la gĂȘne des rĂ©sidents, Ă  qui l’on avait diffusĂ© un planning provisoire pour qu’ils dĂ©cident en consĂ©quence de la date de leurs vacances lorsque cela leur Ă©tait possible, Ă©tait Ă©videmment complĂštement bousculĂ© et les problĂšmes rencontrĂ©s aggravĂšrent encore les retards. Symbolique de la gĂȘne vĂ©cue par les rĂ©sidents, je me rappellerai toujours de cette mĂšre qui s’épuisait Ă  grimper, avec ou sans sac Ă  provision, au 18e Ă©tage [7] avec ses deux filles, dont l’aĂźnĂ©e avait 3 ans. Heureusement, le jeune homme recrutĂ© pour aider les rĂ©sidents en soulagea en effet beaucoup, mais il ne pouvait pas grand’ chose pour ceux qui dĂ©couvraient la situation en arrivant de vacances, Ă©ventuellement au 3e sous-sol du parking.

AprĂšs des rĂ©unions de chantier houleuses, et du fait de retards des services de livraison de matĂ©riels de KONÉ, on rĂ©ussit finalement Ă  Ă©viter que les deux Ă©quipes interviennent en mĂȘme temps de maniĂšre non coordonnĂ©e sur le site : M. Fraboulet signa une fin de chantier Ă  la veille de l’arrivĂ©e des ascensoristes, Ă  ceci prĂšs qu’il restait Ă  retirer plus tard, en coopĂ©ration, un moteur amiantĂ©.

RÉNOVATION DES ASCENSEURS

Pour le dĂ©marrage de la phase suivante, c’est le responsable de KONÉ qui se fit remarquer par son absence lors de la mise en place du chantier, son incapacitĂ© Ă  faire livrer dans les temps les matĂ©riels nĂ©cessaires ou Ă  intĂ©grer dans son planning l’intervention d’ouvriers habilitĂ©s Ă  traiter des matĂ©riaux amiantĂ©s pour la mise en place dans les portes d’ascenseurs des nouveaux boutons de commande [8]. Son dilettantisme, presque comparable Ă  celui de M. Fraboulet, s’ajouta aux problĂšmes prĂ©cĂ©dents pour causer de nouveaux retards et contrasta avec le professionnalisme du reprĂ©sentant d’ADC (le Mƒ, cf. note 6) pour le suivi de chantier [9]. La vĂ©tustĂ© des ascenseurs trĂšs sollicitĂ©s de la grande tour aboutit Ă  ce que l’ascenseur pair, dont la rĂ©novation Ă©tait prĂ©vue en dernier, tomba en panne pendant les travaux (et donc alors que l’ascenseur impair Ă©tait en travaux et inutilisable) et l’on se retrouva dans la situation inconfortable de la fin d’étĂ© prĂ©cĂ©dent, aucun Ă©tage n’étant plus accessible autrement que par les escaliers. La fin de chantier, prĂ©vue pour fin dĂ©cembre ne put s’effectuer (avec rĂ©serves Ă  lever) qu’à la mi-avril 2011.

Le trait final sur cette double aventure ne fut tirĂ© que 3 ans plus tard (4 pour ĂȘtre notifiĂ© Ă  la copropriĂ©tĂ©) par le Tribunal d’Instance du 19e, saisi par le sieur Fraboulet, qui estimait avoir Ă©tĂ© mal payĂ© et qui, dĂ©boutĂ©, fut condamnĂ© aux dĂ©pens et Ă  verser 500 € Ă  la copropriĂ©tĂ© et au syndic de l’époque.

RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DE LA RÉSIDENCE

La rĂ©novation des ascenseurs avait Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e d’une Ă©tude technique votĂ©e en 2005 et du choix du cabinet ADC, d’un audit (2006), du vote d’un budget de travaux (2007), du dĂ©sistement en derniĂšre minute de la sociĂ©tĂ© choisie en 2008, du choix de KONÉ pour la motorisation et d’ARDECA pour l’habillage, de la rĂ©daction d’un marchĂ© de travaux et d’un contrat de maintenance, le tout Ă©videmment suivi par des membres du CS.

Le projet de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique de la rĂ©sidence, plus complexe, ne mit pas plus de temps Ă  s’élaborer ni Ă  se rĂ©aliser, mĂȘme si cela faisait des annĂ©es que les rĂ©sidents se plaignaient de la lourdeur des charges et des mauvaises prestations en matiĂšre de chauffage et s’inquiĂ©taient de certains problĂšmes de structure (fuites sous les fenĂȘtres par temps de pluie et de vent, stabilitĂ© du perron, etc.).

Des premiers contacts avec l’ARC (2012, cf. note 4) aboutirent Ă  la rĂ©daction d’un Bilan Initial de CopropriĂ©tĂ© (BIC), premiĂšre Ă©tape de celle, particuliĂšrement lourde, d’un Cahier des charges pour un Audit Global PartagĂ© et Ă  l’audition de quatre cabinets. Sur proposition du CS, l’AG de 2013 choisit le tandem REANOVA – POUGET Consultants. AprĂšs en avoir dĂ©battu, l’AG de juin 2014 choisit de se prononcer pour la rĂ©daction d’un PLAN DE TRAVAUX correspondant Ă  la somme des 4 scĂ©narios envisagĂ©s dans l’audit et de prĂ©senter sa candidature Ă  l’OPATB du 19e, qui fournirait Ă  la fois un suivi architectural et, surtout, une aide administrative concernant l’obtention de subventions et d’aides individuelles. Il suffit alors d’un peu plus d’un an pour que le projet de travaux et le choix des entreprises prestataires puisse ĂȘtre prĂ©sentĂ© Ă  l’AG SpĂ©ciale (novembre 2015) et obtienne une majoritĂ© frĂŽlant ou dĂ©passant les 60% des tantiĂšmes pour chacune des rĂ©solutions.

La pĂ©riode Ă©tait particuliĂšrement favorable : les subventions obtenues pour l’audit couvraient 65% des dĂ©penses (73 % de celles Ă  caractĂšre Ă©nergĂ©tique) [10]. Le plan de travaux qui suivit obtint de la Ville de Paris 338 000 € (2 000 € par lot principal) ainsi qu’une aide (Ă  laquelle participait l’ANAH) de 72 000 € pour l’amĂ©lioration de l’accĂšs des personnes Ă  mobilitĂ© rĂ©duite), 200 000 € de la RĂ©gion et 153 000 € de l’ADEME, soit un total de 763 000 €, auquel il faudrait ajouter les droits Ă  crĂ©dit d’impĂŽt et les aides individuelles distribuĂ©es par l’ANAH en fonction des revenus [11]. On peut donc estimer que le total subventions + aides personnelles couvre presque 40 % de l’enveloppe globale prĂ©vue.

On remarquera cependant que le programme de travaux ne put correspondre au scĂ©nario le plus complet, et ce du fait de notre impossibilitĂ© d’inclure la chaufferie dans la rĂ©novation. Nos partenaires de la convention chauffage, informĂ©s dĂšs avant 2013 de nos projets et des aides qui pouvaient en rĂ©sulter, dĂ©cidĂšrent en effet d’attendre juillet 2017 pour confier Ă  la fois les travaux et la maintenance Ă  la sociĂ©tĂ© GESTEN [12].

Notre copropriĂ©tĂ© a Ă©tĂ© prise comme exemple par l’OPATB et la Mairie du 19e, par l’APC [13] et la Mairie de Paris lors du lancement d’Eco-rĂ©novons Paris qui gĂ©nĂ©ralisait le type d’aide dont nous avions bĂ©nĂ©ficiĂ©. Nous sommes ainsi intervenus dans plusieurs rĂ©unions d’information, avons reçu (et/ou Ă©changĂ© avec) d’assez nombreux membres d’autres Conseils Syndicaux et eu l’honneur de la presse Ă©crite et de la tĂ©lĂ©vision [14].

Ce succĂšs, de mĂȘme que les majoritĂ©s obtenues en AG qui le confortĂšrent, est le fruit de la frĂ©quence, de l’intensitĂ© et de la franchise des Ă©changes entre le CS et les copropriĂ©taires, d’une part, et REANOVA (en particulier M. de Rugy, son responsable) d’autre part. Les diffĂ©rentes Ă©tapes furent prĂ©cĂ©dĂ©es de rĂ©unions et d’échanges de mail CS-Mƒ, de rĂ©unions d’informations et d’échanges Mƒ-copropriĂ©taires (une demi-douzaine en tout en plus des AG)
 et l’on ne peut compter les mails de demandes d’information et/ou de critiques plus ou moins techniques auxquels Reanova et/ou le CS ont rĂ©pondu.

AprĂšs une sorte de faux-dĂ©part en mars 2016, marquĂ© par des difficultĂ©s de comprĂ©hension avec un ingĂ©nieur chargĂ© du suivi du chantier qui n’avait pas l’habitude des interventions en milieu habitĂ© et qui fut vite remplacĂ©, les premiers mois de travaux se passĂšrent relativement bien, puisque la partie essentielle — celle d’isolation par l’extĂ©rieur — prit mĂȘme une avance importante sur le planning prĂ©vu et se dĂ©roula Ă  la satisfaction de tous. Ce sont alors quelques Ă -cĂŽtĂ©s (peinture des balcons, accĂšs aux toits, etc.) qui ne furent pas Ă  la hauteur de l’ensemble, jusqu’à ce qu’un conflit Ă©clate, concernant le chauffage : le « chauffage par le sol » Ă©tait en fait commandĂ© par le voisin du dessus. AprĂšs de nombreuses tractations, oĂč REANOVA intervint comme intermĂ©diaire entre la copropriĂ©tĂ© et l’entreprise, un protocole d’accord put ĂȘtre trouvĂ©, Ă  la suite de quoi les difficultĂ©s dans ce domaine sortirent du cadre de la rĂ©novation et furent dues aux difficultĂ©s (voire Ă  l’absence) de communication avec GESTEN, le nouveau prestataire du chauffage.

La fin de la rĂ©novation fut vĂ©cue par la plupart des rĂ©sidents (et sans doute des intervenants) de maniĂšre beaucoup moins satisfaisante que le dĂ©but, essentiellement du fait du conflit entre l’entreprise principale et le sous-traitant qu’elle avait malheureusement recrutĂ© pour des travaux annexes (isolation entre sous-sol et rez-de-chaussĂ©e habitĂ©) ainsi que pour le lot sans lien avec les problĂšmes Ă©nergĂ©tiques (rĂ©novation des halls et du perron) et dont elle n’arrivait pas Ă  se dĂ©barrasser. Il fallut faire refaire de trĂšs nombreuses fois les lambris et les peintures, de mĂȘme que le rĂ©glage des portes. La rĂ©fection du perron, prĂ©vue pour juillet, « commença », sans que la copropriĂ©tĂ© en soit prĂ©venue, le 21 septembre par la dĂ©molition des deux cĂŽtĂ©s de l’escalier, ce qui le rendait inutilisable (et pour combien de mois ?!!!).

Il Ă©tait effectivement prĂ©vu de commencer par une dĂ©molition, mais qui aurait pu ĂȘtre plus progressive, de maniĂšre Ă  comprendre ce qui avait provoquĂ© un dĂ©crochage d’une vingtaine de centimĂštres depuis la construction et Ă  se prĂ©munir contre ce type d’inconvĂ©nient. MĂȘme si l’on a fini par se mettre d’accord sur la mĂ©thode et par trouver une Ă©quipe qui semble prĂȘte Ă  terminer correctement le travail, il y a peu de chances que celui-ci soit terminĂ© avant l’étĂ© et les rĂ©sidents de la grande tour de maniĂšre quotidienne, ceux des autres bĂątiments chaque fois qu’ils ont besoin de rĂ©cupĂ©rer un colis ou de parler aux gardiens, les entreprises, etc. doivent se passer de l’entrĂ©e habituelle de la copropriĂ©tĂ© et effectuer un dĂ©tour qui, pour agrĂ©able qu’il soit par beau temps, ne facilite pas la corvĂ©e des courses pour les personnes les plus ĂągĂ©es. Quant au surcoĂ»t demandĂ© en cas de dĂ©mĂ©nagement, il est loin d’ĂȘtre nul, sans aucun espoir qu’il puisse ĂȘtre pris en compte d’une maniĂšre ou d’une autre.

Bref, on aurait préféré une autre fin pour une aventure correspondant à un engagement intense du CS sur les six derniÚres années.

Journal de la Mairie du 19e décembre 2017-février 2018
Journal de la Mairie du 19e, décembre 2017-février 2018

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QU’EST-CE QUE CELA M’A APPORTÉ ?

La place importante que je viens d’accorder aux chantiers les plus lourds pourrait laisser penser que ce qui a comptĂ© pour moi, c’est la somme des connaissances techniques que j’ai pu y glaner. Sans nier ce type d’enrichissement, il n’est pas grand’ chose comparĂ© Ă  celui que j’ai pu tirer des rencontres, confrontations, collaborations, travail en Ă©quipe, bref, de cette expĂ©rience collective dĂ©bouchant parfois sur la camaraderie ou l’amitiĂ©, souvent sur l’estime rĂ©ciproque, quelque fois sur la surprise de curiositĂ©s ou de modes de raisonnements nouveaux mais qu’il s’avĂ©rait intĂ©ressant de partager et plus globalement sur la richesse des Ă©changes (et parfois des heurts, qui en dĂ©bouchĂšrent jamais sur des hostilitĂ©s durables) entre personnalitĂ©s diffĂ©rentes.

C’est Ă©videmment dans les relations les plus serrĂ©es, au sein mĂȘme du CS, que cette richesse fut la plus facile Ă  constater. Cela put se produire Ă©galement avec un gestionnaire (surtout M. Saal avec qui, mĂȘme si le vouvoiement est restĂ© notre mode de relation, une confiance, voire une complicitĂ©, s’est rapidement Ă©tablie Ă  travers les expĂ©riences partagĂ©es), et notamment quand nous sortions des Ă©changes attendus et convenus sur la copropriĂ©tĂ© pour explorer d’autres domaines. Mais l’estime rĂ©ciproque et la complicitĂ© ont Ă©galement pu s’établir, de maniĂšre assez diffĂ©rente, avec les deux couples de gardiens que j’ai connus ainsi qu’avec plusieurs rĂ©sidents, hors CS, que ce soit Ă  partir des problĂšmes de la copropriĂ©tĂ© ou pas, Ă  partir de rĂ©actions en AG ou dans des conversations Ă  bĂątons rompus (aux FĂȘtes des voisins ou chez les uns ou les autres) sur des intĂ©rĂȘts culturels ou des enjeux de sociĂ©tĂ©.

Nous avons la chance de vivre dans une copropriĂ©tĂ© oĂč il est restĂ© normal de se saluer et de se dire bonjour, de se rencontrer un verre Ă  la main, de ne pas s’effrayer, au contraire, de voir des enfants jouer, donc d’aimer, au moins autant que notre confort, la vie et la vie en commun.

Le CS est un lieu privilĂ©giĂ© pour participer Ă  tout cela, pour contribuer Ă  conforter les conditions du vivre ensemble. Mais il arrive aussi que le CS se sente encouragĂ©, poussĂ© plus que prĂ©vu par les autres copropriĂ©taires, comme ce fut le cas en juin 2014 (prĂ©sentation des conclusions de l’audit) quand, aprĂšs avoir reçu plusieurs courriers soulignant la lourdeur des charges, nous pensions ne pas pouvoir faire voter Ă  l’AG plus que quelques mises aux normes indispensables et oĂč c’est la rĂ©union de rĂ©sidents qui a prĂ©cĂ©dĂ© et les interventions en AG mĂȘme qui ont abouti au choix du scĂ©nario le plus ambitieux.

Il me semble donc fondamental Ă  la fois de permettre aux rĂ©sidents et copropriĂ©taires de disposer du maximum d’information et de faire en sorte que leurs rĂ©actions et suggestions soient entendues et Ă©ventuellement concrĂ©tisĂ©es aprĂšs discussion. C’est Ă  cela que j’ai essayĂ© de contribuer.


J. Arditty, Mai-Juin 2018




Notes de bas de page

[1] Le Conseil Syndical est le reprĂ©sentant des copropriĂ©taires, rĂ©unis en Syndicat de CopropriĂ©tĂ© (SdC), pendant l’intervalle des AssemblĂ©es GĂ©nĂ©rales, alors que le syndic a pour rĂŽle d’assurer la gestion de la copropriĂ©tĂ©, et de la reprĂ©senter auprĂšs des tiers (en particulier fournisseurs) et des tribunaux. Sauf dans le cas des trĂšs petites copropriĂ©tĂ©s, qui peuvent ĂȘtre gĂ©rĂ©es par l’un des copropriĂ©taires Ă  titre bĂ©nĂ©vole, le syndic est gĂ©nĂ©ralement un professionnel, voire un cabinet ayant plusieurs collaborateurs (gestionnaires chargĂ©s d’un certain nombre de copropriĂ©tĂ©s, comptables, juristes, etc.). Le Conseil Syndical vĂ©rifie la bonne gestion du syndic, lui transmet les remarques, demandes ou plaintes des copropriĂ©taires mais, en tant que leur reprĂ©sentant, a aussi une responsabilitĂ© d’initiative et peut donc suggĂ©rer toutes les mesures qui lui semblent susceptibles d’amĂ©liorer l’état ou la valeur du patrimoine et le confort de ses occupants.

[2] On retrouve chez Immo de France la majoritĂ© des personnels d’Icade, maintenus en place aprĂšs l’achat par Immo de France de la branche Administration de Biens d’Icade en 2010 et ces personnels sont souvent ceux du cabinet Villa, qui gĂ©rait la copropriĂ©tĂ© depuis 1987 et qui fut absorbĂ© par Icade en 2006.

[3] C’était du moins la situation dans les premiĂšres annĂ©es dĂ©crites ici. Les choses sont maintenant un peu plus complexes. Depuis de nombreuses annĂ©es, le Conseil Syndical fonctionne de maniĂšre collĂ©giale et par la recherche du consensus et, dans la pratique, en cas de vote, les voix des titulaires et des supplĂ©ants ont le mĂȘme poids.

[4] Association des Responsables de Copropriétés, dont nous sommes membres et dont nous sollicitons réguliÚrement les conseils, souvent judicieux sur le plan technique.

[5] Il m’a fallu quelques temps pour que ma langue ne fourche plus et que je dise bien maĂźtre d’ouvrage (MO) pour la copropriĂ©tĂ©, Ă  la demande de laquelle et grĂące au financement de laquelle les travaux sont effectuĂ©s, et le maĂźtre d’Ɠuvre (Mƒ ou MOE), employĂ© par elle pour veiller Ă  leur bonne exĂ©cution.

[6] C’est la procĂ©dure qui avait Ă©tĂ© suivie les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes par le cabinet ADC (Ascenseurs Diagnostics et ContrĂŽles).

[7] Rappelons que dans chacune des deux tours, la machinerie accueille les moteurs des deux ascenseurs (pairs et impairs) et que son désamiantage bloque la desserte de tous les étages.

[8] La prĂ©sence d’amiante n’est pas considĂ©rĂ©e comme dangereuse lorsqu’elle est totalement confinĂ©e Ă  l’intĂ©rieur d’autres matĂ©riaux, comme Ă  l’intĂ©rieur des portes d’ascenseurs et leur cadres, mais seuls des ouvriers habilitĂ©s peuvent intervenir si l’on doit toucher Ă  ceux-ci.

[9] Nous ne pouvons que nous fĂ©liciter que ce cabinet, devenu ABC, continue Ă  intervenir aprĂšs la rĂ©novation pour les inspections quinquennales de l’état des matĂ©riels et de leur bon fonctionnement.

[10] Apparemment ce mode de financement disparut dĂšs l’annĂ©e suivante, dans la perspective de rendre l’audit obligatoire.

[11] ANAH = Agence Nationale de l’Habitat ; ADEME = Agence de l’Environnement et de la Maütrise de l’Énergie ; plusieurs de ces aides n’existent plus.

[12] C’était le pire moment pour nous, celui oĂč nous dĂ©battions, aprĂšs une demie saison non concluante, avec l’entreprise chargĂ©e de mettre en place le nouveau systĂšme de rĂ©gulation de notre chauffage et sans que l’expĂ©rience de DALKIA, le prestataire prĂ©cĂ©dent, puisse ĂȘtre utilisĂ©e ou transmise.

[13] Agence Parisienne du Climat.

[14] Pages Paris Nord-Est du Parisien Aujourd’hui, Ă©dition rĂ©gionale de France 3, Bulletin Paris 19.